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L'Artiste

 

 

    Jurata Wajda, artiste sculptrice a fini ses études à l'Académie des Beaux-Arts de Torun (Pologne) avec un master en Conservation et Restauration d'Art.

     Fascinée par l'Art du passé, les techniques historiques demandant du travail minutieux, de l'étude et une approche réaliste du sujet réel ou imaginaire. Elle créée des portraits, en particulier d'enfants, qui rendent parfaitement l'apparence physique et psychique du modèle. Les nus qu'elle réalise imagent toute la délicatesse et la beauté du corps féminin. Tout en suivant des motifs historiques, elle les revisionne et lance un nouveau regard sur des sujets d'antan, comme le mythe de Méduse grecque, le Minotaure ou la Femme-Cathédrale du Moyen-Age, passant du réel au surréalisme avec une facilité déconcertante ou transformant le réel en imaginaire. Ses techniques de travail sont multiples : du plâtre, passant par le ciment, le stuc marbre et résines synthétiques, jusqu'au bronze.

 

 

« Les dimensions du passé » 

 

 

Le travail de Jurata Wajda puise indéniablement ses sources dans l’histoire de l’art. Le métier de conservateur des œuvres d’art lui donne le bagage culturel et toute légitimité pour interpréter les sujets historiques. Formation très rigoureuse qui exige un niveau d’exécution irréprochable et permet de choisir librement sa technique de prédilection : la sculpture. Sa fascination pour l’art devient alors un point de départ de la réflexion artistique et un défi technique. 

La création de Jurata Wajda est dominée par deux périodes particulièrement riches en signification symboliques : l’Antiquité et le Moyen Âge. Les choix de thèmes se fait d’une manière intuitive, mais il est évidement que l’artiste privilégie les sujets concernant les figures féminines. 

La Méduse, l’œuvre emblématique met en évidence l’extrême complexité de la signification du personnage. Habituellement présenté comme la figure archétypale de la femme fatale, Méduse dans l’interprétation proposée par l’artiste surprend par d’autres aspects qui vont au-delà du mythe. La fragilité, la beauté intrinsèque l’emporte sur la puissance féminine et sur le danger du regard. 

 

    La Femme-Minotaure, s’avère une interprétation libre et, in fine, plein d’humeur d’un autre mythe fondateur de la civilisation antique. La force primaire/primitive devient un jeu entre la forme et la signification dans lequel le principe masculin est transformé en principe féminin. Déclinées dans la série des Femmes-Minotaures, les sculptures rendent hommage à l’art contemporain par la matière et l’intensité de la couleur. 

Inspiré par la Madone de Kruzlowa, la Cathédrale incarne toute la poésie gothique. L’élégance et la noblesse des traits du visage, la douceur du sourire nous propulsent dans une autre dimension, celle de la beauté intemporelle de Belles Madones idéalisées. L’élément caractéristique de la sculpture, la coiffe, d’une manière évidente, fait allusion à la couronne, mais aussi à une structure organique. Par opposition avec la surface lisse du visage, elle met en évidence le caractère mystérieux de la représentation. 

L’habilité manuelle restant la base de toute créativité ici est accompagnée par un savoir technique et le travail propre se situe à la limite de l’activité artistique, historique et chimique. La pratique et les connaissances permettent la conception des nouvelles valeurs à partir de ce qui existe et deviennent un hommage à l’art dans toutes ses dimensions. 

 

 

    

                                                           Magdalena Kruszynska 

                                                        historienne et critique d’art

Privilèges... 

Les dimensions de l’espace dans lequel nous fait pénétrer Jurata Wajda dépassent nettement celle de la 3D. C’est aussi un espace dans lequel  les sculptures agissent sur plusieurs de nos sens.

 

C’est avec la vue que nous saisissons la première strate : forme, proportions, couleur…

 

En se référant à des connaissances plus approfondies, nous décelons des inspirations de l’Antiquité et des formes classiques qui, noblement transposées dans le langage de la sculpture contemporaine, abordent des thèmes sérieux… On pénètre alors dans des strates et des sphères de plus en plus délicates, car ce qui est sérieux est lié aux émotions. Et celles-ci sont fortes, distinctes et bipolaires : elles touchent à la fois l’Artiste elle-même, sa patte et les modèles exposés.   

 

La réception de ces sculptures n’est pas facile : chacune crée autour d’elle un monde différent.  Et pourtant c’est aussi de nous, de notre sensibilité, de notre érudition et de notre engagement que dépend l’enrichissement que nous tirerons de cette rencontre.

 

Le toucher est également un privilège, réservé à quelques-uns, et parmi eux au commissaire... le terme “noblesse”, déjà utilisé, revient cette fois-ci pour décrire la technique et la matière. L’Artiste, fidèle depuis des années aux techniques historiques, pour lesquelles son respect a été renforcé dans son atelier de restauration, a travaillé avec des matériaux naturels : mortiers minéraux, gypse modifié, polychrome, patiné, dorure … On dit que les moulages en bronze ou le modelage de la glaise sont des matières difficiles où les erreurs ne pardonnent pas. Voilà pourquoi les détails méritent qu’on s’y arrête, qu’on les touche, pour apprécier la perfection des surfaces travaillées avec une grande culture et une grande conscience de la matière. Les choix techniques de l’Artiste l’amènent à s’imposer à elle-même de hautes exigences et les effets en sont ceux d’une aisance experte.

 

Le toucher nous amène dans une nouvelle dimension où les surfaces se complètent ou contrastent entre elles, comme jouant avec leurs propres structures. 

 

Le spectateur a le privilège unique et presque magique de pouvoir découvrir encore d’autres dimensions, d’autres substrats sémantiques ou d’autres métaphores. Une rencontre bien menée avec la sculpture de Jurata Wajda est une sorte de dialogue dans lequel l’Artiste utilise des clés, comme la dorure qui souligne les sculptures inspirées par l’histoire.

 

La seule invitation dans le monde intime de ces sculptures est déjà pour moi un privilège, car c’est un monde dans lequel les émotions sublimées prennent les formes les plus nobles.

                                                    Beata Romanowicz

                                           commissaire d'expositions d'art

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